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Les dépendances du château

Si Les Contes de Charles Perrault sont lus par un large public depuis leur publication, l’auteur lui, demeure peu connu. Homme libre, proche du pouvoir, Charles Perrault est un témoin et un acteur du Grand Siècle.

Un homme au service du roi

La vie de Charles Perrault est très peu connue. Il nait le 12 janvier 1628 dans une famille tourangelle installée à Paris, assez aisée et lettrée. Cadet d’une fratrie de 7 enfants, il fait des études brillantes au collège de Beauvais. « J’ai toujours été des premiers dans mes classes ». Il étudie la philosophie. Il quitte la classe à la suite d’un désaccord avec son professeur, en compagnie d’un camarade. A partir de là, il se forge sa propre culture et lit pêle-mêle des œuvres sacrées et profanes, la Bible, l’histoire de France. Ses libres lectures l’amènent à mettre en vers burlesques le sixième livre de l’Enéide. En 1651, il devient avocat et suit les traces de son père et de son frère ainé. Très rapidement, ses fonctions l’ennuient et il devient receveur des finances auprès de son autre frère et commence une carrière politique. C’est à cette époque qu’il travail auprès de Louis de Breteuil, alors contrôleur général des finances de Louis XIV. Ce travail lui laisse le temps de se consacrer à la poésie. Il assiste à partir de 1663 Colbert, ministre d’Etat. Pendant 20 ans, il travaille auprès du puissant ministre, d’abord comme commis, puis comme contrôleur général des Bâtiments (l’équivalent d’un ministre), et, à partir de 1672, comme académicien. Plus particulièrement, chargé de promouvoir la politique culturelle de Louis XIV, il dirige avec Jean Chapelain le service de la propagande royale, et, à ce titre, suscite et corrige les éloges du roi et distribue les gratifications destinées aux artistes ralliés. Il porte aussi les instructions de Colbert aux diverses académies qui viennent d’être créées, compose des devises célébrant les victoires et les réalisations de Louis XIV, surveille l’édification des palais et des monuments destinés à donner une haute idée de la magnificence royale. Il a notamment confié le chantier de la colonnade du Louvre à son frère architecte, Claude Perrault. Son inimitié avec Racine, Boileau et surtout Louvois lui font perdre sa place en 1683, quelques mois avant la mort de Colbert.

Un homme de lettre éclectique

Perrault est un homme de lettre éclectique. Il s’essaie au genre galant avec Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660). Il rédige quelques poèmes comme le Portrait d’Iris et le Siècle de Louis le Grand. Ce poème est lu à l’Académie en 1687 et place le XVIIème siècle au-dessus de tous les siècles précédents et inaugure la querelle des Anciens et des Modernes et scandalise l’Académie par un discours audacieux. Il publie également un essai Parallèles des anciens et des modernes en 4 volumes entre 1688 et 1698. Deux groupes d’écrivains s’opposent. Les Anciens dont font partie La Fontaine, Boileau ou encore Racine prônent l’adaptation des œuvres antiques dans leur ouvrage. Les Modernes emmenés par Perrault pensent que les œuvres de l’Antiquité grecque et romaine peuvent être dépassées par des formes artistiques nouvelles. Il commence en 1696 et termine cinq ans plus tard un ouvrage intitulé Hommes Illustres qui ont paru en France pendant le XVIIe siècle, ouvrage « tendancieux » qui contribue à créer le mythe du siècle de Louis XIV mais qui donne beaucoup de renseignements sur l’époque.

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Mais Perrault restera célèbre surtout pour ses contes. Après avoir abandonné définitivement sa carrière politique, il se consacre à sa famille. Il a épousé à l’âge de 49 ans Marie Guichon, âgée de 19 ans, et a eu quatre enfants. En 1697, Perrault publie Histoires ou contes du temps passé avec des moralités plus connu du grand public sous le nom Les Contes de ma mère l’Oye qu’on retrouve dans le cartouche qui orne le frontispice du recueil. Cet ouvrage comporte huit contes en prose auxquels il faut ajouter une nouvelle et deux contes en vers parus antérieurement. La paternité de l’œuvre est attribuée à son fils Pierre Perrault Darmancour et fera débat pendant plusieurs années avant de lui être finalement reconnue. Ce recueil est publié à une époque où les contes de fées sont très en vogue chez les adultes de la bourgeoisie et de l’aristocratie. La littérature enfantine n’est pas un genre attesté et les enfants ne constituent pas un public distinct. L’orientation pédagogique de Perrault vers une littérature enfantine est en réalité tardive. Ce recueil, qu’on croit écrit pour les enfants, ne contient en réalité qu’un seul conte qui leur est destiné Le Petit Chaperon rouge. C’est aussi le seul conte qui finisse mal. Il s’agit d’un texte destiné à mettre en garde les jeunes filles contre les « loups », les hommes galants et pièges de la Cour. Perrault joue sur l’ambiguïté. Il multiplie les formulettes, insiste sur les rythmes ternaires et sur les structures, dans un style littéraire soutenu, pensant ainsi au public cultivé de la Cour et de la ville. Le succès de l’ouvrage est immédiat. Un genre littéraire nouveau est né, celui du conte merveilleux. Le colportage puis l’imagerie d’Epinal ont contribué au succès des Contes de ma mère l’Oye mais c’est surtout à partir de 1833, la loi Guizot sur l’enseignement primaire qui va permettre cette grande diffusion.

Les Contes de ma Mère l’Oye

Peu après les contes, il entreprend la rédaction de ses Mémoires de ma vie, un plaidoyer qui présente l’auteur et ses frères comme les véritables inspirateurs de l’art de l’époque. L’œuvre reste inachevée et ne sera publiée qu’en 1757. Charles Perrault décède à Paris le 16 mai 1703, à l’âge de 75 ans.

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